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Préambule : HGGSP première – année 2025-2026

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La spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques a pour ambition de comprendre les enjeux du monde contemporain. Cette matière s’appuie sur l’étude croisée des relations sociales, politiques, économiques et culturelles. Cette approche pluridisciplinaire permet de comprendre la complexité de l’organisation du monde et de l’évolution de ses territoires historiquement constitués. La pluralité de leurs représentations et de leurs interprétations permettra de mieux comprendre les enjeux de leur perpétuelle recomposition.

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Cette réflexion s’appuie sur quatre disciplines, indispensables et complémentaires, pour bien cerner les dimensions des thèmes proposés durant cette année de première.

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Cours Préambule 1 : L’histoire : la trace, l’archive, le témoignage, le récit

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Pour les grecs Hérodote et Thucydide, considérés comme les pères de l’histoire, istoreo signifie « enquête », enquête sur le passé à partir de sources disponibles. Ainsi, l’histoire s’est définie comme science du passé où le passé fait figure d’objet d’étude. Mais cette vision s’est transformée de l’Antiquité à nos jours et les approches thématiques et méthodologiques ont évolué : l’écriture de l’histoire devient une étude du rapport des sociétés avec le temps.

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Durant l’Antiquité grecque et romaine, l’intention des historiens, souvent associés aux poètes, se limitait au discours démonstratif de l’éloge ou du blâme (registre épidictique), celui de la célébration des héros pratiqué par Homère. Hérodote s’appuie sur l’autopsie, ce qu’il a vu lui-même, ou sur l’ouïe, ce qu’il a recueilli de la bouche de ses témoins. Polybe (IIème s av. J.-C.) est le premier historien à s’appuyer sur des sources écrites.

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Au Moyen âge, l’histoire se cantonne à des genres convenus comme les annales, les gestes ou les chroniques. La légitimité du récit historique repose sur les textes sacrés, l’Ancien et le Nouveau Testament et les vies des Saints (hagiographies). Il s’agit de construire un passé idéal qui touche au mythe et qui justifie la légitimité du pouvoir, notamment ecclésiastique.

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Au XVIème siècle, l’analyse critique devient un outil et une méthode des historiens. Ils examinent les sources historiques sur lesquelles s’appuient les grandes institutions du pouvoir soit pour les justifier soit pour les critiquer :  remise en cause de la prétention au pouvoir temporel des papes, analyse du droit romain dans la coutume française, critiques de la Réforme et de la Contre-réformes. Ces travaux cherchent des sources originales et authentiques, expurgées de toutes les erreurs d’interprétation et de traduction.

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Le tournant décisif aura lieu au XIXème siècle, le « Siècle de l’Histoire », avec le triomphe de la quête de scientificité. Dès lors, les approches historiques et méthodologiques se multiplient et intègrent d’autres connaissances issues du domaine des sciences humaines : économie, anthropologie, sociologie, politique… Ce mouvement s’accompagne de la fondation d’institutions spécialisées comme la Société pour l’Histoire de France (1835). On assiste alors au développement de multiples courants et écoles de pensée. Mais d’un point de vue général, l’histoire, comme concept, caractérise désormais le rapport des sociétés à leur passé, ce qui autorise Reinhardt Koselleck et François Hartog  à définir des régimes d’historicité, c’est-à dire des manières d’articuler passé, présent et futur.

L’Historismus, en allemand, se réfère à un mouvement qui privilégie une démarche empirique, érudite et philologique et qui s’appuie sur la critique méthodique des sources. Wilhelm von Humboldt (1767-1835), fondateur de la nouvelle université allemande précise que l’histoire doit « exposer ce qui a eu lieu », sans jugement du passé, sans préjuger de l’avenir. Cette méthode repose sur un principe objectiviste reposant sur l’analyse factuelle des documents d’archives et valorisant l’approche chronologique. Cette recherche scientifique sera l’affaire de spécialistes familiers des règles de l’analyse critique des sources. Des revues scientifiques participent à la diffusion de leurs travaux.

L’« école méthodique », inspirée du modèle allemand s’épanouit en France. L’histoire est assumée comme une connaissance indirecte d’un passé atteignable par les vestiges et les traces qui forment les sources et dont l’analyse rigoureuse établit des faits historiques. Cette école française structure l’enseignement de l’histoire dans le cadre de la IIIème république

Cependant, au début du XXème siècle, l’industrialisation et la démocratisation des sociétés européennes vont remettre en question ces approches. Les changements dans la société rendent l’étude des questions sociales, économiques et culturelles indispensables à la compréhension des évolutions du monde. Il ne suffit plus d’étudier les grands hommes d’état et les grands évènements pour en comprendre le sens.

En France, après la Première guerre mondiale, la fondation des Annales d’histoire économique et sociale (1929) par Lucien Febvre et Marc Bloch, marque la rupture avec la « Grande Histoire ». Cette revue propose une approche problématisée qui articule les rapports interactifs entre passé et présent et qui intègre les sciences sociales. C’est seulement après 1945 que cette approche d’une histoire économique sociale, portée par Fernand Braudel (1902-1985) et Camille Ernest Labrousse (1895-1988) s’impose. Leur notoriété internationale favorisera l’esprit de l’École des annales dans le monde occidental. Ces deux chercheurs réhabilitent la primauté de l’économie et du fait social quant aux changements historiques.

Née d’une critique de l’école des Annales, l’école de Bielefeld, fondée en Allemagne par Hans-Uhlrich Wehler, propose aussi une lecture de l’histoire qui se focalise sur l’étude des processus de transformations des sociétés industrielles.

En rupture avec les courants dominants de leur époque, de nombreux historiens réinterprètent l’histoire en adoptant une lecture marxiste de l’évolution des sociétés et des institutions de pouvoir. Originaires de Grande Bretagne, ils fondent la revue « Past & Present » qui publie des travaux portant sur l’histoire du peuple, des marginaux, des révoltés et des résistants au capitalisme et adoptent une lecture dialectique marxiste des transformations des sociétés.

A partir des années 1970, une crise de la pensée traverse les communautés d’historiens. Les grands courants historiographiques, structuralistes, marxistes ou libéraux s’effondrent. En France, Pierre Nora avance la fin de l’histoire globale, le retour de l’évènement et l’irruption du présent. On en vient à prédire la « fin de l’histoire » (Fukuyama, 1992) avec l’explosion du bloc communiste en 1991. Les courants historiographiques se multiplient et contribuent autant à l’enrichissement des approches qu’à une forme de confusion. Cependant, trois tendances, issues des Etats-Unis, d’Italie ou d’Allemagne, s’affirment.

Une approche fondée sur l’analyse des représentations au travers du langage : s Ainsi E. S. Jones, en 1983, travaillant sur les classes laborieuses britanniques propose de considérer le rôle du langage, de la conscience et de l’expérience comme des éléments organisateurs et non plus déterminés des formes sociales, inversant ainsi les termes de l’analyse marxistes.

En Italie, le courant de la micro-histoire se développe et il réfute la démarche sociologique classique et l’approche macro-historique pour privilégier le singulier et le confronter aux modèles généraux. . Il s’agit d’analyser au plus près les processus sociaux dans leur effectivité. Le pendant allemand de cette micro-histoire italienne est le développement de la Alltagsgeschichte qui vise à étudier le quotidien. Les historiens de ce mouvement s’interrogent sur la sphère privée, les habitudes de vie permettant de comprendre la construction du lien social. Micro-échelle donc et « petite histoire » : autant de mosaïques qui forment la fresque de l’histoire.

            Enfin, les historien.nes ont commencé à s’interroger sur la notion de genre. L’Américaine Joan Scott, dans son article ”Gender : a useful category of historical analysis” de 1985 établit que le genre dépasse le fait biologique pour devenir un fait socioculturel constitutif des rapports hiérarchisés de pouvoir. Ce mouvement ouvre la réflexion aux rapports réels et symboliques entre les femmes et les hommes. Par extension, il propose une relecture de l’histoire fondée sur les identités sociales et culturelles des individus et des groupes dans la structuration des rapports historiques de domination.

 

En conclusion, l’histoire est une science qui a aussi son histoire et sa géographie. Mais cette rapide présentation nous rappelle que l’histoire pose la question perpétuelle de l’articulation entre mémoire, fabrique du passé et vérité historique.

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Texte rédigé à partir des sources suivantes :

Olivier LÉVY-DUMOULIN. HISTOIRE (Histoire et historiens) - Sources et méthodes de l'histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/histoire-histoire-et-historiens-sources-et-methodes-de-l-histoire/(consulté le 23 juin 2025)

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Bertrand MÜLLER. HISTOIRE (Histoire et historiens) - Courants et écoles historiques [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/histoire-histoire-et-historiens-courants-et-ecoles-historiques(consulté le 23 juin 2025)

A rendre pour le et sur feuille dactylographiée :

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1) A l'aide du cours et de la fiche jointe sur Serge Bernstein, peut-on établir un rapport entre vérité et histoire ?

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2) En vous appuyant sur les deux vidéos, relevez les différences historiographiques  entre Pierre Nora (lecture à 26 mn jusqu'à la fin) et Fernand Braudel.

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